CR Audience du 7 mai 2024

Alors que nous avions demandé audience à notre directrice Aurélie Filipetti, nous avons été reçus en audience par le SEAPA le 7 mai 2024 au matin.

Étaient présents, pour l’administration :  

Nicolas CHOUIN, nouveau sous-directeur des ressources, Olivier MORIETTE, SDEAPC, Madame Valérie PETILLON, cheffe du SRH de la DAC et Séverine FERON.

Notre délégation était composée de :

Mr Jérôme Arger Lefevre, Mr Fabrice Lepinte, Mr Luc de Banville, Mme Anne Catherine Nesa et Mme Myriam Chochon.

La réunion démarre à 9h30.

Point 1 : Titularisation

Le processus de concours interne suit son cours.

Il est notable que sur les 61 postes ouverts à titularisation, seuls 22 collègues sont finalement inscrit.es au concours.

Cela est essentiellement dû aux conditions drastiques de reprise d’ancienneté (moins de la moitié) et au blocage de l’avancement pendant une durée de 2 à 12 ans !

La titularisation s’avère être réellement intéressante pour les collègues âgés de moins de 50 ans au terme de leurs 6 années de CDD obligatoires.

Mme Pétillon confirme et ne semble voir dans ce taux très faible de candidature que le signe d’un vieillissement des équipes enseignantes sans en tirer aucune autre leçon.

Point 2 : Calendrier ABA

Nous demandions que la spécificité du calendrier des ABA soit conservée, sur le principe de 33 semaines de 15 heures de mi-septembre à fin juin.

Les deux premières semaines de septembre étant essentielles pour le travail artistique des artistes-enseignants auprès des galeries et partenaires.

Il nous est répondu que le calendrier est aujourd’hui et pour la rentrée prochaine ainsi conçu :

   – 32 semaines de cours

    – 1 semaine de pré-rentrée

    – 1 semaine de stage (pour celles et ceux ayant demandé la 16e heure et les futurs titulaires).

Mais l’administration souligne sa volonté d’aligner notre temps de travail sur celui des conservatoires, en nous ajoutant une semaine supplémentaire de pré-rentrée obligatoire dés l’année prochaine. et de nous imposer une nouvelle semaine de travail supplémentaire sans compensation d’aucune sorte.

C’est inacceptable et il va falloir se mobiliser contre cette mesure.

Sur la question des collègues ayant accédé à la 16e heure et n’ayant par la suite pas souhaité s’inscrire dans le processus de titularisation, la réponse est un peu floue :

Pour l’instant, leur 16e heure ne semble pas remise en cause pour l’an prochain, alors même qu’elle est dorénavant refusée aux contractuels qui en font aujourd’hui la demande.

Ce point méritera d’être éclairci et précisé lors d’une prochaine audience.

Point 3 : Le manque chronique d’agents administratifs et d’accueil aux ABA

Pointé par le rapport et signalé comme extrêmement urgent par l’ensemble des organisations syndicales en F3SCT, la nécessité de la création de postes d’agents administratifs et d’agents d’accueil (au moins 4 selon le rapport) nous apparaît comme une urgence absolue.

Nos équipes croulent sous la charge de travail, surtout avec  l’ouverture d’un nouveau centre à la Chapelle, d’une galerie à Montparnasse, et de la multiplication des stages qui étale la période d’inscription sur toute l’année scolaire.

Nous soulignons leur compétence et leur dévouement au service, et soulignons la très grande fragilité des équipes sous pression, et mettons en garde une fois de plus l’administration sur la nécessité de redimensionner les équipes par rapport à leurs missions.

Nous soulignons la différence de nombre de personnels administratifs entre les conservatoires et les ABA.

Il nous est répondu que les conservatoires sont un réseau alors que les ABA sont un établissement multi-site…

Ce qui justifie visiblement aux yeux de l’administration la sous-dotation chronique en agents administratifs et d’accueil.

Il nous est répondu qu’aucune création de poste n’est à l’ordre du jour, mais que par un travail serré du service depuis leur bureau sur la base des emplois du temps et des tâches de chacun.e sur tableau excel, il leur semble possible “d’optimiser” le travail des équipes actuelles sans compensation d’aucune nature.

Nous constatons atterrés, que le “glissement de tâche” pourtant dénoncé par les syndicats et par le rapport d’enquête F3SCT comme source essentielle de mal-être au travail au SEAPA continue d’être la seule et unique réponse de notre administration à cette question cruciale : Gérer toujours plus de public, créer de nouveaux équipements et en faire peser toute la charge sur les mêmes équipes déjà débordées, sans que ne soit envisagée la moindre création de poste ou revalorisation salariale.

Notre solidarité totale avec les personnels administratifs dans la tourmente doit être ici réaffirmée, et nous devons rester mobilisés jusqu’à la création de postes administratifs conformes à l’augmentation constante de leur charge de travail.

Point 4 : Le satut des coordinateurs aux ABA

Nous avions préalablement proposé aux coordinateurs et coordinatrices de centres de répondre à un questionnaire dont voici les résultats résumés :

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    Sur 15 personnes en charge de coordination, 13 ont bien voulu répondre, ce qui nous donne une vision non-exhaustive, mais assez complète du statut.

    Sur ces 13 réponses

    10 collègues sont responsables de micro centres : 1 a 2 enseignant.es, entre 60 et 160 élèves

    Une est responsable d’un centre moyen : 6 enseignant.es et 510 élèves.

    Deux gros centres : 33 et 24 enseignant.es et 1650 et 650 élèves.

    micro centres

    10 collègues

    1 a 2 enseignant.es, entre 60 et 160 élèves

    Aucune coordination n’est compensée par une décharge horaire.

    8 n’ont aucune compensation financière (point d’indice ou heures défrayées)

    1 bénéficie depuis peu de la part de la RH d’un défraiement de 2h (moins de 100E mensuels)

    1 bénéficie d’une indemnité (?)- entre 100 et 300E

    7 estiment leur charge de travail de coordination à 1h hebdomadaire (33h annuelles)

    1 estime sa charge de travail de coordination à 1/2 heure de travail hebdomadaire (17h annuelles)

    1 estime sa charge de travail de coordination à 2 heures de travail hebdomadaire (66h annuelles) (Atelier itinérant en vélo-cargo qui ajoute du travail.)

    Centre Moyen

    1 collègue

    6 enseignant.es et 510 élèves

    La coordinatrice bénéficie de 2h de décharge de cours hebdomadaire, et d’une compensation financière de moins de 300E mensuels.

    Elle estime sa charge de travail à 4h hebdomadaire ( 132h annuelles).

    Gros centres

    2 collègues

    33 et 24 enseignant.es et 1650 et 650 élèves.

    tous deux bénéficient de 6h de décharge de cours hebdomadaire (198h annuelles)

    L’une n’a pas encore de contrat mais demande 500E/mensuel comme son prédécesseur, l’autre est compensé d’un montant supérieur à 500E/mois.

    L’une estime son temps de travail réel entre 15 et 20 heures hebdomadaire, l’autre à 12h hebdomadaire.

    Charges communes (exponentielles en fonction du nombre d’enseignant.es, de la surface des ateliers, des responsabilités bâtimentaires etc…)

    – Commandes équipement et consommables du centre.

    – Livraisons et réception.

    – Relayer les questions spécifiques des équipes enseignantes.

    – Entretien général (plomberie, électricité, intendance) SLA etc..

    -organisations de réunions, d’exercices incendie, etc..

    – Suivi des équipes de ménage.

    – Visites de sécurité.

    – charges spécifiques (Vélo-cargo, galeries, expositions, animation réseau…Etc..)

    – inscriptions/réinscriptions, feuilles de modèles, etc…

    à noter : Plusieurs d’entre vous signalent un allègement de charge grâce au travail des agents administratifs en charge des petits centres.

        Les demandes :

    I – Clarification des charges et responsabilités avec les agents concernés (fiche de poste spécifique,tenant compte des spécificités du centre).

    II – Mise en place d’une formation spécifique et dédiée à la coordination.

    III – Une meilleure communication avec la SRH – Définir un.e interlocuteur.trice dans le service capable de répondre aux questions et aux demandes spécifiques ou urgentes.

    III – La compensation 

    1) Sous forme de décharge horaire : Il y a une quasi unanimité des collègues en charge de coordination pour demander une décharge de cours d’une heure hebdomadaire pour tous         les micros centres et plus justement répartie en fonction du nombre d’élèves et d’enseignant.es de l’établissement pour les autres.

    2) Sous forme de hausse du point d’indice équivalent à une hausse de salaire ( 200E à 500E) pour tous.

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Réponse de l’administration :

 – Le statut des coordinateurs sera précisé par une lettre de mission les définissant comme relais de la direction en 6 points.

– Aucune formation spécifique ne leur sera proposée (mis a part les formations incendie et sécurité)

– Leur interlocuteur direct pour toute question sera le Secrétaire général, considéré comme le couteau-suisse de tout l’édifice.

– La seule compensation sera dorénavant sous forme de décharge horaire, calculée en fonction de la dimension des centres. Il n’y aura plus aucune compensation financière, salariale ou statutaire pour les collègues assumant cette charge, quelle que soit la dimension du centre sauf pour ceux et celles qui se les sont vus attribués dans le passé et dont les contrats ne peuvent être remis en question.

– Toutes les responsabilités (bâtiments, sécurité, préfecture etc…) seront transférées au directeur et au secrétaire général.

– Un certain nombre de tâches administratives “glisseront” (elles aussi) vers nos équipes administratives déjà surchargées et en sous-effectif.

Nous soulignons l’importance des coordinateurs dans notre organisation : Chaînon non-hiérarchique, constitué de collègues, il est l’interlocuteur le plus proche, celui auquel s’adressent toutes les questions et soucis des équipes enseignantes.

Il fait remonter à la direction des informations importantes et règle horizontalement un grand nombre de petits soucis qui n’ont pas besoin d’encombrer l’échelon administratif.

Nous y sommes très attachés.

Nous espérons qu’enfin une décharge horaire d’une heure hebdomadaire (décharge du stage obligatoire ?) soit mise en place pour les micro-centres qui ne bénéficiaient jusqu’alors d’aucune compensation.

Mais nous nous inquiétons que l’absence de compensation financière provoque des démissions, et une chute drastique de l’intérêt pour cette charge dans les gros et moyens centres.

Nous soulignons également que nous aimons enseigner et que la “décharge” horaire n’est pas, pour notre profession une “libération” des heures d’enseignement, mais plutôt un moyen de compenser (bien mal) le temps passé aux charges de coordination.

Que se passera-t’il si plus personne ne souhaite plus assurer cette charge ?

Et bien Mme Pétillon nous répond sans sourciller que l’administration reverra l’organisation et se passera de coordination !

Attirer les mouches avec du vinaigre, en cassant ce qui fonctionne, pour le remplacer par des statistiques de tableurs cela semble être la stratégie de notre administration sur ce dossier également.

Point 5 : La contractualisation de nos collègues vacataires de longue durée

Suite à notre questionnaire, nous avons mis en évidence les cas particuliers de 4 collègues vacataires de très longue durée aux ABA, et pour lesquels nous demandons avec insistance depuis des années une dé-précarisation par voie de contractualisation. Nous souhaitions savoir où en était cette question.

Mme Pétillon nous répond qu’entre la légalité et la moralité, “la ville à choisie la moralité ” (sic) en renouvelant le contrat de nos collègues vacataires, plutôt qu’en les remplaçant par de nouveaux vacataires au terme de leur contrat (Estimons-nous heureux).

Qu’aucun plan de dé-précarisation n’est à ce jour prévu pour les ABA.

Que nos collègues sont invités à passer les concours de recrutement externes quand ils se présentent et que leur ancienneté “devrait jouer en leur faveur” face au jurys.

Aucun effort particulier n’est donc non-plus à attendre de la part de notre administration concernant les plus précaires d’entre nous.

La réunion se termine à 12h30.

CONCLUSION

Nous sortons de cette audience atterrés.

Aucune de nos revendication n’est même prise en compte.

Nous avons le sentiment que l’administration est en train de nous tailler un costume tout neuf sans même avoir pris le temps de prendre nos mesures et veut “en force” nous faire tous rentrer dans un modèle préconçu dans de beaux tableaux colorés, loin du terrain et décalqué sur celui des CRR (établissement multisite) et conservatoires.

Nous avons le sentiment d’un dialogue de sourd, avec une administration ne disposant d’aucun moyens pour mettre en place un trop grand nombre de projets sans connaissance réelle du terrain.

Aucune création de poste, aucun moyen nouveau sur les nouveaux équipements.

Faire de plus en plus avec toujours moins.

Voilà la seule réponse que nous obtenons à cet étage, qui ne tire aucune leçon des conclusions concrètes du rapport d’enquête ni de nos alertes répétées.

Devons-nous attendre le prochain accident ?

Le SEAPA, est dans l’incapacité  de trouver les moyens nécessaires, et fait le choix de masquer les besoins réels en pressurisant un service déjà surchargé et fragilisé par des années de négligence.

Il nous pousse au rapport de force, car il semble clair que sans moyens supplémentaire, aucune solution ne sera acceptable.

Il va falloir nous préparer et nous mobiliser dans la perspective d’une grève unitaire des personnels enseignants, administratifs et modèles des ABA avant la fin de l’année.

Seul moyen de nous faire entendre au niveau des élus et d’obtenir les moyens nécessaires au fonctionnement normal de notre service.

Une revendication commune : 

Un déblocage budgétaire pour les ABA à la hauteur de ses missions pour :

– Renforcer les équipes administratives à la hauteur des tâches qu’elles exercent.

– Une reconnaissance et une compensation financière de la charge de coordination de centres proportionnelle à leur dimension.

– La dé-précarisation des collègues vacataires de longue durée.

– Une hausse des salaires pour tous les modèles d’art.

– Un investissement de fonctionnement correspondant aux outils existants (galeries, centres, classes préparatoires, équipements, etc…)

Pour la réussite d’une telle mobilisation, trois conditions doivent être réunies :

    – Une vaste mobilisation collective de l’ensemble du corps enseignant, administratif et modèles unis.

    – Une solidarité et un soutien de nos élèves et usagers, s’exprimant par voie de pétition et de courriers aux élus.

    – Une médiatisation / communication efficace, sympathique et tapageuse.

Pour cela, nous avons besoin de vos idées, propositions, stratégies et réseaux pour donner à notre mouvement un maximum d’écho.

Ce sera le sujet de notre prochaine assemblée générale, à laquelle nous vous espérons nombreux et nombreuses.

Nous vous en annoncerons la date dans les jours qui viennent.

Vous remerciant d’avoir lu ce (long) message jusqu’au bout.

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